Résumé : Il n’y a pas de résumé sur la 4e de couverture pour ce livre emblématique mais une phrase d’Anne Franck : « J’aimerais ressembler toujours à cette photo. Alors, j’aurais peut-être la chance d’aller à Hollywood. » Voici un résumé dont je n’ai malheureusement pas réussi à trouver la véritable source (trouvé sur un blog) : Anne Frank commence à se confier à son journal le 12 juin 1942, le jour de ses treize ans et y écrit pour la dernière fois le 1er août 1944, jour de son arrestation. Il reflète l’expérience d’une jeune fille juive découvrant le monde qui l’entoure. Dans un premier temps, Anne n’avait pas choisi de rédiger son journal sous forme de lettres. Elle commence par s’adresser directement à son journal. Au bout de deux mois, elle écrit ses premières lettres adressées à différents interlocuteurs, puis plus tard, elle s’imagine une confidente prénommée « Kitty ». Consciente du génocide juif grâce à la BBC, elle vit dans l’angoisse d’être découverte ou dénoncée. Elle trouve réconfort dans l’écriture, activité qui lui permet de prendre du recul et de la distraire. À propos du résumé : Si ce résumé ne mentionne que peu ses relations conflictuelles avec les autres habitants de l’Annexe, il me paraît refléter très correctement ce dont retourne ce livre. L’auteur : (biographie rédigée par l’éditeur) Anne Frank est née le 12 juin 1929 à Francfort. Sa famille a émigré aux Pays-Bas en 1933. A Amsterdam, elle connaît une enfance heureuse jusqu’en 1942, malgré la guerre. Le 6 juillet 1942, les Frank s’installent clandestinement dans "l’Annexe" de l’immeuble du 263, Prisengracht. Le 4 août 1944, ils sont arrêtés sur dénonciation. Déporté à Auschwitz, puis à Bergen-Belsen, Anne meurt du thyphus en février ou mars 1945, peu après sa soeur Margot. Le titre et la couverture : Anne Franck ayant commencé, quelques mois avant sa déportation, à reprendre la rédaction de son journal en vue d’une publication sans avoir tout de fois eu le temps d’achever son travail, il existe diverses versions du Journal. Celle que j’ai lue est la première version publiée du texte, la traduction du journal dont le père d’Anne a supprimé certains passages, par pudeur et par respect envers la mémoire de ceux dont Anne se plaignait parfois avec virulence dans son journal. Il existe cependant des versions non-censurées et d’autres comparatives entre le premier jet du journal et le début de réécriture entamée par Anne. Les titres des différentes versions peuvent donc parfois varier en fonction du contenu mais en français, il a toujours été question du Journal d’Anne Franck (parfois au pluriel pour les études comparatives), par souci de montrer une tranche de vie sans filtre et sans fioriture, annonçant un texte de non fiction emblématique et authentique. La couverture, elle, présente une photo d’Anne en noir et blanc, dont la légende constitue la 4e de couverture. On peut ainsi mieux se figurer l’auteure penchée sur son journal, racontant à cet ami de papier ses pensées et ses idées. Cette couverture, une photo figée dans le temps, offre selon moi à Anne, décédée à l’âge de 15 ans, une éternelle jeunesse. Mon avis sur le récit : Cette chronique aura traîné bien plus longtemps que je ne l’avais souhaité et pour cause : il est difficile de critiquer un tel classique qui n’est ni un roman de fiction, ni même un livre écrit par un auteur expérimenté. Un récit de vie aussi bouleversant et grave est encore plus dur à aborder de manière objective qu’un roman habituel. Ce livre est donc la reproduction du Journal qu’Anne Franck a tenu pendant près de deux ans, durant les dernières années de sa vie qu’elle a passées enfermée dans l’Annexe de l’entreprise de son père en compagnie de sa famille, d’un dentiste juif et d’une autre famille, les Van Daan (les noms ont été modifiés, sauf ceux des Franck). L’auteure, par ce récit, respecte tous les codes du journal intime avec ses dates et notamment sa façon de s’adresser directement à Kitty, le nom qu’elle a donné à son journal. Elle parle à Kitty comme à une meilleure amie, expliquant ce choix par l’impression qu’elle ne peut pas parler de tout à ses camarades d’école. Ce qui m’a frappée d’entrée de jeu, c’est l’aisance rédactionnelle d’Anne. Si on peut tempérer cet aspect en pensant à la traduction qui a dû lisser son style et au fait que son père et le premier éditeur ont légèrement travaillé le texte avant publication, on ne peut nier le fait qu’à seulement treize ans, elle s’exprime vraiment très bien. Anne développe dans son journal des pensées tout à fait intéressantes et pertinentes qu’elle formule avec exactitude et subtilité. Pourtant, lors de la lecture de ces pensées structurées et intelligentes, on la découvre soudain en train de buter sur un mot dont elle n’est pas certaine de l’emploi, se demandant candidement si l’orthographe qu’elle utilise est la bonne. Cela nous ramène alors à la réalité, celle du récit d’une jeune adolescente à l’esprit éveillé mais immature sur certains domaines. En effet, si on peut aisément admettre que le contexte difficile dans lequel Anne grandit complique les choses, elle se plaint beaucoup de sa famille et de ses voisins avec qui elle entretient des rapports compliqués, certainement dus en partie à cette promiscuité forcée. Elle est notamment très sévère avec sa mère à qui elle reproche régulièrement (secrètement, dans son journal, mais aussi occasionnellement de vive voix, à demi-mots, selon ses dires) d’être trop distante, peu compréhensive et pas assez à l’écoute. Elle mentionne peu sa sœur (bien que plus les derniers mois) et se moque très souvent de Mme Van Daan, décrivant, parfois avec colère, souvent avec humour, les joies et les tensions qui surviennent dans l’Annexe. S’il peut être difficile pour le lecteur, tant le récit d’Anne se veut léger et optimiste, de se souvenir que ce qui est décrit a réellement existé, les moments de bonheur sont souvent très vite remplacés par la retranscription faite par Anne de mauvaises nouvelles dont ils ont eu vent. La situation des Franck et de leurs amis, ainsi que les événements graves et malheureux qui arrivent à tous les juifs sont décrits avec beaucoup d’émotion, de justesse et de pudeur par la jeune fille. Elle paraît presque s’y accoutumer. Ce récit sans filtre permet de prendre la mesure de l’absurdité et de l’injustice qui caractérisent le statut des juifs durant la Seconde Guerre Mondiale. Au-delà de cette période historique que le Journal d’Anne Franck permet de voir sous une autre lumière, ce récit de vie est aussi le témoignage d’une jeune adolescente qui devient femme, dans un contexte particulier, et qui est fascinée par les changements qui s’opèrent en elle. Son introspection en devient très intéressante, on peut sentir qu’elle réfléchit beaucoup à la question. Cependant, la version que j’ai lue (celle de 1950) a été épurée par le père d’Anne, Otto Franck, des récits relatant explicitement de l’intimité de Anne, des événements inévitables de l’adolescence. On ne les devine que vaguement et je pense qu’il serait intéressant pour moi de lire, plus tard, la version de 1986 qui n’a pas été censurée. En résumé, bien qu’Anne puisse se montrer capricieuse et hautaine, son style et ses réflexions sont très intéressants et montre une jeune femme en plein devenir, joyeuse, heureuse de vivre et pleine d’un espoir communicatif ce qui rend la fin inéluctable encore plus terrible. Un classique à lire absolument ! « C’est pour moi une sensation bien singulière que d’exprimer mes pensées, non seulement parce que je n’ai jamais écrit encore, mais parce qu’il me semble que, plus tard, ni moi, ni qui que ce soit d’autre ne s’intéresserait aux confidences d’une écolière de treize ans. » Infos pratiques :
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Résumé : Il n’y a pas véritablement de résumé sur la 4e de couverture de La place de l’étoile mais une histoire juive, reproduite à nouveau dans les premières pages du livre : « Au mois de juin 1942, un officier allemand s’avance vers un jeune homme et lui dit : « Pardon monsieur, où se trouve la place de l’Etoile ? » Le jeune homme désigne le côté gauche de sa poitrine. » Sur son site, l’éditeur ajoute un résumé que l’on peut également retrouver (hormis la première phrase) à l’intérieur du livre faisant office de préface : Voici, annoncé en quelques lignes, ce qui anime le roman : l'inguérissable blessure raciale. Le narrateur, Raphaël Schlemilovitch, est un héros hallucinatoire. À travers lui, en trajets délirants, mille existences qui pourraient être les siennes passent et repassent dans une émouvante fantasmagorie. Mille identités contradictoires le soumettent au mouvement de la folie verbale où le Juif est tantôt roi, tantôt martyr et où la tragédie la plus douloureuse se dissimule sous la bouffonnerie. Ainsi voyons-nous défiler des personnages réels ou fictifs : Maurice Sachs et Otto Abetz, Lévy-Vendôme et le docteur Louis-Ferdinand Bardamu, Brasillach et Drieu la Rochelle, Marcel Proust et les tueurs de la Gestapo française, le capitaine Dreyfus et les amiraux pétainistes, Freud, Rebecca, Hitler, Eva Braun et tant d'autres, comparables à des figures de carrousels tournant follement dans l'espace et le temps. Mais la place de l'Étoile, le livre refermé, s'inscrit au centre exact de la «capitale de la douleur». À propos du résumé : Cette histoire juive, jamais évoquée dans le roman mais très symbolique, montre toute le traumatisme qu’ont pu subir les juifs et en particulier le personnage principal, Raphaël Schlemilovitch. C’est une bonne entrée en matière et si le résumé plus détaillé fourni par l’éditeur permet d’avoir une idée plus précise et tout à fait exacte du récit, je trouve cette histoire juive accrocheuse et prometteuse. C’est un fil rouge auquel on peut se raccrocher tout au long de la lecture. L’auteur : (sur le site de l’éditeur) Patrick Modiano, né en 1945, est l'un des plus talentueux écrivains de sa génération. Explorateur du passé, il sait ressusciter avec une précision extrême l'atmosphère et les détails de lieux et d'époques révolues, comme le Paris de l'occupation, dans son premier roman, «La Place de l'étoile», paru en 1968. Avec «Catherine Certitude», il nous fait pénétrer dans l'univers tendre d'une petite fille au nom étrange, dont l'enfance se déroule dans le quartier de la gare du Nord, à Paris, au cours des années 1960. Il est le quinzième écrivain français à recevoir la prestigieuse récompense, le Prix Nobel de littérature, le 9 octobre 2014. Le titre et la couverture : Tout comme la 4e de couverture, le titre a une forte symbolique qu’on retrouve dans l’ensemble du livre, au sens propre, matériel, de la place de l’étoile à Paris, mais surtout au sens figuré qui concerne l’étoile de David devant être cousue sur les vêtements des juifs, à l’emplacement du cœur, pendant la 2nde guerre mondiale. Le personnage principal est hanté par sa condition juive qui guide chacun de ses actes, comme s’il arborait cette étoile tout au long de son existence. Mon avis sur l’histoire : Ce livre était le seul de ma liste de lecture que ma famille possédait. Je n’avais donc aucun a priori lorsque je l’ai commencé, bien que ce ne soit pas un livre vers lequel je me tournerais de moi-même. Dans l’ensemble j’ai trouvé ma lecture enrichissante. Je ne saurais curieusement pas dire si j’ai aimé ou pas La place de l’étoile, mais je l’ai trouvé intéressant tant sur la forme que sur le fond. Le personnage principal, Raphaël Schlemilovitch, un juif antisémite, est cynique, volage, immoral, hautain, fou, paranoïaque, hallucinateur. Il m’a donc été difficile de m’identifier à lui, mais cela ne m’a pas gênée outre mesure dans ma lecture puisque ce n’était pas le but recherché par l’auteur ni même par moi lorsque j’ai entamé ma lecture. Il en est de même pour les personnages secondaires, qui se succèdent sans vraiment laisser de trace tant dans l’esprit du narrateur que du lecteur. Ils sont pour la plupart peu présents et peu développés, et semblent être introduits dans le récit uniquement pour apporter leur pierre à l’édifice que représente le personnage principal, avant de disparaître une fois leur tâche accomplie. C’est assez perturbant comme procédé lorsque l’on n’a pas l’habitude de lire ce genre de livre. J’ai réussi à m’y faire à la moitié du roman. Du fait de ce personnage principal antipathique et de ce manque de personnages secondaires forts, j’ai eu un peu de mal à rentrer dans le récit. Mais le manque de véritable intrigue a également joué. En effet, le personnage que nous suivons n’a aucune véritable attache, aucun repère et le récit s’applique surtout à retracer ses errances. Le cheminement de ses pensées qui, si elles sont intéressantes, parfois pertinentes et éclairantes en particulier sur la position des juifs dans la société d’après-guerre, est difficile à suivre. Il se perd souvent dans de longues listes de références fictives et réelles parfois impossibles à suivre et à démêler. Mais je remercie ma professeure de français qui a choisi de faire lire à ma classe de première Voyage au bout de la nuit de Céline et Le procès de Kafka, souvent cités par le narrateur (qui est le personnage principal) ! À ce sujet, l’auteur semble avoir voulu trop bien faire avec ce que j’ai plus pris comme un étalage de connaissances qu’une volonté d’offrir à son personnage principal une solide base de culture générale. Le fil du récit est assez déroutant et difficile à suivre, par ce manque d’intrigue mais surtout parce que Raphaël Schlemilovitch est un personnage contradictoire et délirant. Tout au long du roman, il s’imagine à quoi pourrait ressembler sa vie s’il persévérait dans telle ou telle activité, études ou encore relation. Mais Schlemilovitch s’enfonce dans ses délires à tel point qu’il est ardu de comprendre ce qui relève de sa vie réelle de ce qui découle de son imagination. Mais c’est justement ce point, les délires du personnage principal, qui montre l’étendue de sa folie au fur et à mesure des pages et qui rendent le livre si intéressant. L’auteur en joue allègrement en alternant les passages de narration à la première personne et les passages de narration à la troisième personne, usant de temps de conjugaison différents pour montrer à quel point le narrateur se perd lui-même entre la réalité et son imagination. Le but semble être clairement de brouiller le lecteur dans ses repères de la même manière que l’est Schlemilovitch lui-même. À mesure que le récit approche de la fin et que la paranoïa de Schlemilovitch ainsi que son ambivalence vis-à-vis de sa condition juive s’intensifie — il en est fier et s’en sert à son avantage avant de le renier et de le cacher comme s’il en était honteux, se sentant persécuté de toutes parts et réduit à ce statut —, la forme du récit devient de plus en plus changeante et aléatoire. Ce livre pose ainsi tout le problème de la place des juifs qui retrouvent une certaine liberté dans une société d’après-guerre en lente reconstruction. En résumé, La place de l’étoile est un livre qui se lit vite, bien qu’il soit un peu difficile de s’y plonger dès le départ. L’intrigue est pauvre et que les personnages se résument à Raphaël Schlemilovitch, un jeune homme juif antisémite, délirant, cynique et paranoïaque auquel il est difficile de s’identifier. Mais c’est surtout un livre qui vaut le détour pour la forme de son récit et la réflexion autour de l’identité et l’acceptation du peuple juif dans la société d’après-guerre, et les questionnements que cela peut engendrer dans l’esprit des principaux concernés. Je le conseille à tous ceux qui souhaitent découvrir d’autres structures de récit et qui sont attirés par les anti-héros qui ne trouvent nulle part leur place, à l’instar de Ferdinand Bardamu (Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand Céline). Infos pratiques :
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