Victoria est une jeune fille qui aime lire. En réalité, elle aime tellement ça qu’elle s’évade dans ses lectures sans jamais réellement revenir au monde réel, à sa vie banale où tout est réglé à la lettre, une fois le livre refermé. Elle ne comprend pas sa sœur qui ne sait pas profiter d’un voyage à Venise dont Victoria rêve, son père ne jure que par son travail à la Manupadec et sa mère est femme au foyer. Victoria rêve d’aventures trépidantes qui pimenteraient sa vie de collégienne où rien ne change jamais, jusqu’à ce que ses livres, soigneusement rangés sur une étagère qu’elle nomme sa « ligne d’horizon » se mettent à disparaître mystérieusement… Victoria est un personnage éminemment attachant. Sous la plume remarquable de Timothée de Fombelle, elle prend vie et nous emporte dans son imaginaire pour nous transmettre son goût de la lecture, pour nous faire voir autrement le monde qui nous entoure. Ce texte plutôt court se lit très aisément. Publié en premier lieu dans le magazine pour ados Je bouquine, il percute en plein cœur par sa sensibilité et la profondeur de ses messages, déclamant ainsi une magnifique et touchante ode à la lecture et à l’imagination. Il aborde encore d’autres thèmes, comme celui des relations familiales, mais sur lequel je garderai le silence afin de ne pas trop en dévoiler sur l’intrigue. L’objet-livre lui-même est à la hauteur du récit. En format poche mais avec un double rabat, l’histoire est entourée de la ligne d’horizon de Victoria avec de nombreux livres cultes dessinés avec le tracé unique de François Place sur la couverture, le dos, la quatrième et jusqu’au bout des larges rabats. On se surprend à détailler la bibliothèque de Victoria ainsi formée comme on le ferait en décryptant celle d’un ami à qui on rend visite pour la première fois. On y retrouve notamment Matilda (de Roald Dahl), Le livre des étoiles (Erik l’Homme), Artemis Fowl (Eoin Colfer), Le Tour du Monde en 80 jours (Jules Verne), l’écume des jours (Boris Vian), Les trois mousquetaires (Alexandre Dumas) et bien d’autres livres emblématiques encore. Le lyrisme qui se dégage de cette belle fresque est un parfait écho au texte de Timothée de Fombelle. Le seul reproche qu’on peut faire à Victoria rêve est sa longueur : on en vient trop vite au bout alors qu’on aurait aimé continuer à suivre Victoria un peu plus longtemps. En résumé, ce petit livre est un ouvrage très touchant et empli de symbolique, sur le fond, sur la forme tout comme sur sa matérialité. Difficile d’en dire grand-chose au vu de sa longueur mais Victoria rêve reste un livre incontournable que je conseille à tous, petits et grands, parents et enfants, lecteurs ou non. Foncez ! Infos pratiques :
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